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La passeuse d’histoires, de Sejal Badani : un voyage parallèle en Inde des années 40 et des années 2010

Je passe toujours au rayon livres de mon supermarché, c’est devenu une habitude aussi naturelle pour moi que de boire de l’eau. Je m’y dirige machinalement, et les couleurs des couvertures se reflètent dans mes yeux qui passent du marron au violet, puis du violet au vert, pour arriver au bleu. Bien que j’y aille souvent et que de nombreuses fois c’est toujours les mêmes romans avec les mêmes auteurs, je m’émerveille à chaque fois en les regardant comme si c’était la première.

Mercredi dernier, alors que j’entrais dans le magasin, j’ai comme d’habitude dit à ma mère de commencer à faire les courses sans moi pendant que je jette un coup d’œil aux nouveautés. Quelle ne fut pas ma surprise de voir une section de brochés à prix de découverte : 5,99€. J’ai commencé à parcourir les titres et à lire les résumés brièvement, quand un livre en particulier a attiré mon attention : il s’agissait de La passeuse d’histoires, de Sejal Badani. La couverture est très belle, elle met en scène deux mains couvertes de magnifiques dessins faits au henné, tenant une rose. Elle est d’un violet profond, envoûtant et qui attire l’œil. Je l’ai retourné et bingo, c’était l’histoire d’une jeune femme d’origine indienne qui retourne en Inde afin d’obtenir des réponses alors qu’elle a tout perdu.

Je tiens le livre entre mes mains, et me rends compte que je repense au roman La tresse, de Laetitia Colombani, et me rappelle à quel point l’histoire de Smita, l’indienne intouchable, m’avait bouleversée. C’est le seul livre que j’ai lu sur l’Inde, et je l’ai tellement aimé que je cale celui de Sejal Badani sous le bras, certaine de le prendre. J’en choisis deux autres : Dracula : Les origines, de Dacre Stoker, l’arrière-petit-neveu de Bram, pour des raisons évidentes, et Les tortues ne fêtent pas Noël sous la neige, de Sophie Jomain, car ça me fait penser aux romans de Katherine Pancol.

Je rentre chez moi, et je pose les livres sur ma bibliothèque pour ne plus y penser avant samedi soir. Des trois, c’est celui de Badani qui m’attire le plus. Je me cale dans mon lit avec plein d’oreillers, j’ouvre le livre et je me retrouve emportée à plus de sept mille kilomètres d’ici, dans un petit village de l’Inde où il fait chaud et humide. Jaya choisit de faire le voyage des Etats-Unis à l’Inde centrale sur un coup de tête lorsqu’elle apprend que son grand-père, qu’elle n’a jamais connu, est mourant. Sa mère, une femme froide et qui ne se livre jamais la supplie de ne pas y aller, mais Jaya sait qu’après toutes les épreuves qu’elle a endurées, elle ne peut plus rester ici.

Jaya arrive trop tard : le serviteur de la famille lui apprend que son aïeul est décédé il y a quelques jours. Ravi est un intouchable, la caste sociale la plus basse et déngrée en Inde. (si vous voulez en apprendre plus, je vous joins ce lien qui explique bien le principe : https://www.ohchr.org/fr/stories/2021/04/dalit-born-life-discrimination-and-stigma#:~:text=Les%20dalits%2C%20commun%C3%A9ment%20appel%C3%A9s%20les,des%20droits%20de%20l’homme. )
Il est vieux et sage, et il a une histoire à raconter à Jaya : l’histoire d’Amisha, sa grand-mère qui a vécu dans cette maison et qui y est morte bien trop jeune. Jaya ne le sait pas encore, mais l’histoire de cette femme qu’elle n’a jamais connue et qui est morte alors que sa propre mère avait à peine un an va changer toute sa perspective de la vie jusqu’à présent. Le lien entre les deux femmes que séparent deux génération va s’établir post mortem, et deviendra profond.

Amisha aimait poser sur le papier les histoires fictives qui se chamboulaient dans sa tête. Un talent inné et précieux, mais pas pour une femme indienne dans les années 40. Ravi va tout raconter à Jaya : comment Amisha est arrivée dans la maison de Deepak, son mari, quand elle avait à peine quinze ans. Comment elle rencontrera Ravi l’intouchable et lui proposera du travail alors que tous les autres l’ont chassé à coups de pieds. Comment elle se battra pour que son mari la laisse étudier l’anglais dans l’école britannique. Et il lui parlera également de Stephen, l’officier anglais qui lui changea la vie.

J’ai lu ce roman de près de cinq cent pages en quelques heures, pendant lesquelles je n’arrêtais que pour manger un peu et boire. J’ai été transportée par l’histoire d’Amisha et de Jaya, qui ont séjourné dans la même maison avec cinquante ans d’écart. Ce roman est un rappel que la vie est précieuse, et que nous ne devons jamais prendre pour acquis les gens qu’on aime. Je le recommande à tous les lecteurs qui ont besoin de s’évader et d’aller à la rencontre du peuple indien et de leurs magnifiques coutumes, ainsi que de leurs difficultés et obstacles culturels.

Pour acheter le livre : https://www.fnac.com/a14086486/Sejal-Badani-La-passeuse-d-histoires
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